TikTok, Donald Trump et Oracle : petits arrangements entre amis ?
TikTok, le célèbre réseau social chinois en sursis aux États-Unis, entend sceller un « partenariat technologique » avec le géant du logiciel Oracle. Une victoire pour le groupe américain, qui cultive depuis longtemps de bonnes relations avec Donald Trump. Cette « proposition » sera étudiée cette semaine par le gouvernement américain, a confirmé lundi le secrétaire américain au Trésor.
La saga TikTok aux États-Unis s’achève, provisoirement, comme elle a commencé : sur une note très politique et dans le flou économique et juridique. ByteDance, la maison mère chinoise du réseau social de partage de vidéos, a rejeté l’offre d’achat soumise par Microsoft pour se rapprocher d’Oracle, le géant américain du logiciel pour les entreprises, qui lui a soumis une offre, a confirmé la Maison Blanche, lundi 14 septembre.
Le gouvernement américain va étudier cette semaine la « proposition » transmise par ByteDance pour tenter de résoudre le différend sur la plateforme à succès TikTok. Celle-ci sera examinée « cette semaine au comité Cfius », qui passe en revue les investissements étrangers aux États-Unis, a précisé Steven Mnuchin, secrétaire américain au Trésor. « Puis nous ferons une recommandation au président et l’examinerons avec lui », a-t-il ajouté.
Mais attention, ce dénouement ne signifie pas que les opérations américaines de TikTok passeront sous la bannière d’Oracle. Le groupe américain deviendra seulement un « partenaire technologique de confiance » du réseau social chinois aux États-Unis.
Loin des exigences de Donald Trump
Un rapprochement aux contours beaucoup plus flous que l’offre de rachat mise sur la table par Microsoft. « ByteDance devrait garder le contrôle de l’application, mais laisserait Oracle gérer les données collectées dans le ‘cloud’ [sur des serveurs en ligne, NDLR] », croit savoir le Washington Post, citant des sources anonymes proches des négociations entre les deux groupes.
Une telle solution serait à des années-lumière des exigences de Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche avait menacé d’interdire TikTok aux États-Unis sauf si ByteDance cédait ses activités américaines à un repreneur américain avant le 20 septembre. L’administration Trump cherchait ainsi à couper le cordon entre le bureau américain du réseau social et Pékin, car Washington soupçonnait ByteDance de laisser les autorités chinoises consulter les données collectées sur les 100 millions d’utilisateurs américains de TikTok.
Mais l’accord qui se dessine entre Oracle et le groupe chinois « ne résout aucun des problèmes de sécurité nationale soulevés par Washington », assure, sur Twitter, Alex Stamos, ancien responsable de la sécurité de Facebook. ByteDance garderait le contrôle sur son algorithme, qui choisit quels contenus sont mis en avant auprès des utilisateurs, et ce partenariat « n’implique aucun changement dans la manière de fonctionner de TikTok aux États-Unis », résume Alex Stamos.
Difficile d’imaginer que la Maison Blanche donne, dans ces conditions, son aval à un tel mariage a minima. D’autant plus que Donald Trump avait déjà signifié en juillet dernier à Microsoft qu’il n’accepterait rien d’autre qu’un rachat. Et surtout pas un « partenariat technologique », comme l’avait alors proposé Satya Nadella, PDG de Microsoft, rappelle le site d’informations technologiques The Protocol.