Covid-19 : Le variant sud-africain sème le chaos à Madagascar
Le Madagascar subit actuellement les effets meurtriers du variant sud-africain. En l’espace de quatre semaines, la nation insulaire à nouveau confinée compte en effet près de 10 000 cas et 200 morts…
Une situation dramatique
Dans l’hôpital militaire d’Antananarivo, une trentenaire vient de sortir depuis 48 heures du coma. « J’ai commencé à tousser, à avoir la gorge sèche et, 24 heures plus tard, je n’arrivais plus à respirer… », explique-t-elle. Il a fallu pas moins de 21 heures pour que sa famille puisse lui trouver une place dans l’établissement hospitalier. « Mes proches ont composé le 914, le numéro des urgences, et on leur a répondu qu’il n’y avait plus de place », ajoute la jeune femme diabétique. « Mes frais d’hospitalisation s’élève à 400 000 ariary (87 euros) par jour, sans compter le coût de mes médicaments. Je ne peux pas rembourser une telle somme. Heureusement, mes employeurs la prennent en charge », conclut-elle. Les trois quarts des habitants de Madagascar vivent en effet avec moins de 2 euros par jour…
Non loin de la jeune femme, une autre patiente alitée est atteinte d’une forme grave de Covid-19. Son mari, un ancien ingénieur aujourd’hui vendeur d’épices, est assis sur une chaise près de son lit tandis qu’elle consulte son smartphone. Il reste ainsi près d’elle depuis 4 jours. « Ma femme a commencé à être extrêmement fatiguée et nous sommes allés dans plusieurs centres de traitement, mais tous les lits étaient occupés. Elle souffrait beaucoup. Il nous a fallu plus de 24 heures pour qu’on l’accepte enfin dans cet hôpital et qu’elle soit placée sous oxygène », explique l’époux. Les frais pour les 4 jours d’hospitalisation de sa femme s’élèvent à 2 millions d’ariary (438 euros). « Nous avons été obligés d’emprunter de l’argent à nos familles respectives », confie-t-il.
Une ambiance chaotique
En seulement 21 jours, le variant sud-africain a semé le chaos à Madagascar. Il cause la saturation des services hospitaliers de l’État insulaire, déjà fortement précarisé par les vagues de coronavirus qui se sont abattues sur le pays l’année dernière. On entend les sirènes des ambulances résonner constamment au sein des villes, les services funéraires sont submergés, certaines personnes meurent à peine sorties des ambulances, les médicaments et l’oxygène manquent…
Faux chiffres et censure
Madagascar compte 36 000 cas et 605 morts depuis le début de la pandémie. Ces chiffres sont en réalité faussés car seulement 115 000 tests ont été effectués en un an sur un total de 27 millions d’habitants.
Les Malgaches ont peur de critiquer le gouvernement sous peine d’être licenciés par leurs employeurs, les témoignages ou les débats sont interdits à la télévision, les médias sont censurés…
Néanmoins, le variant sud-africain a forcé l’État à modifier ses décisions sanitaires. Les premiers vaccins destinés principalement au personnel médical et aux personnes âgées devraient arriver ce mois-ci. Le gouvernement a fini également par accepter d’adhérer à l’initiative Covax, ce qui permettra aux Malgaches d’accéder à de nouvelles doses au mois de juillet.