En Allemagne, l’année politique de tous les possibles

Ecrit par Dominique Pariat 15 mars 2021

Les deux scrutins régionaux qui se sont déroulés, dimanche, en Allemagne, ont constitué le premier test électoral majeur depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le paysage politique allemand semble chamboulé et pour certains politologues, c’est la première fois depuis longtemps que “tout est possible”.

Ce ne sont que deux élections régionales, mais pour le monde politique allemand c’est déjà beaucoup. Le résultat, dimanche 14 mars, des scrutins en Bade-Wurtemberg et Rhénanie-Palatinat ont suscité un petit tremblement de terre politique. Ce n’est pas tant les vainqueurs qui ont surpris. En Bade Wurtemberg, le président sortant de la région Winfried Kretschmann (les Verts), bénéficiait d’une très forte cote de popularité, tout comme Malu Dreyer, du parti de centre gauche SPD, en Rhénanie-Palatinat.

Des élections régionales mais pas que…

Le choc est, surtout, venu par l’ampleur du recul de la CDU, le parti conservateur de la chancelière, Angela Merkel. C’est particulièrement flagrant en Bade-Wurtemberg. Dans ce Land, Winfried Kretschmann pourrait désormais se permettre de mener une coalition avec le SPD et les libéraux du FDP. “Dans un bastion conservateur historique comme le Bade-Wurtemberg, le fait que l’éventualité d’un gouvernement dans lequel la CDU ne serait pas représentée soit envisagée est, en soi, sans précédent”, souligne Reimut Zohlnhöfer, politologue à l’université de Heidelberg, contacté par France 24.

Armin Laschet, qui vient tout juste de prendre les rênes de la CDU, va tenter de faire de ces élections des affaires régionales avant tout. Et en un sens, il aura raison : “Il s’agissait de scrutins dominés par la personnalité des chefs de file de chaque parti dans ces régions et de questions sanitaires liées à la crise du Covid-19 qui dépendent beaucoup des autorités locales”, souligne Marc Debus, politologue à l’université de Constance, contacté par France 24. Cette logique a, pourtant, ses limites. D’abord, parce que ces scrutins étaient les premiers tests électoraux majeurs en Allemagne depuis environ un an. “C’était l’occasion pour chaque parti de constater où il en était depuis la mise en place de la politique gouvernementale pour lutter contre la pandémie”, note Reimut Zohlnhöfer.

À cet égard, les résultats de dimanche “prouvent que le paysage politique allemand est plus morcelé que jamais et ils confirment que tout ne tourne plus seulement autour de la traditionnelle opposition entre CDU et SPD”, explique le politologue de l’université de Heidelberg. En d’autres termes, depuis hier, “tout est devenu possible”, résume Thorsten Faas, politologue à l’université libre de Berlin, contacté par France 24.

Un constat d’autant plus important, que les scrutins en Bade- Wurtemberg et Rhénanie Palatinat marquent le coup d’envoi d’une année électorale très chargée, qui culminera avec les élections générales de septembre pour désigner le (ou la) successeur(e) d’Angela Merkel. Il était donc d’autant plus important de commencer l’année sur une note positive pour bénéficier “d’une bonne dynamique”, estime Marc Debus, de l’université de Constance.