Le droit du travail suisse évolue pour suivre les mutations économiques, numériques et sociales. L’année 2025 marque une série d’ajustements qui concernent directement les petites et moyennes entreprises, qu’il s’agisse des cotisations LPP, des allocations familiales, du télétravail ou des obligations de conformité. Pour une PME, comprendre ces changements et adapter ses pratiques administratives est essentiel afin de rester conforme, anticiper les risques et maintenir des relations solides avec ses collaborateurs et partenaires financiers.
Réformes de la prévoyance professionnelle
La réforme de la prévoyance professionnelle (LPP) entre en vigueur dès janvier 2025. Le seuil d’entrée obligatoire est désormais fixé à 22 680 CHF, et la déduction de coordination passe à 26 460 CHF. Ces valeurs influencent directement le calcul du salaire coordonné et, par conséquent, les cotisations de retraite.
Pour les employeurs, cette évolution implique la mise à jour des systèmes de paie et la vérification de la conformité pour chaque employé, en particulier ceux à temps partiel. Il est également conseillé de revoir les contrats d’assurance collective afin d’éviter les erreurs de déclaration et de couverture.
Les entreprises qui choisissent de couvrir volontairement des salaires inférieurs au seuil LPP se positionnent avantageusement en termes de fidélisation et d’image employeur. Cette politique, associée à une gouvernance d’entreprise claire, contribue à renforcer la stabilité interne et la confiance du personnel.
Les PME doivent aussi anticiper l’impact budgétaire : l’augmentation du salaire coordonné entraîne une hausse proportionnelle des charges sociales. Une révision du plan de trésorerie et des prévisions comptables est donc indispensable pour maintenir un équilibre financier.
Revalorisation des allocations familiales
À partir de 2025, les allocations familiales fédérales minimales augmentent. L’allocation pour enfant passe à 215 CHF, et celle de formation à 268 CHF. Certains cantons, comme Genève ou Vaud, fixent des montants supérieurs, ce qui exige un suivi précis des barèmes cantonaux.
Ces hausses ont un impact direct sur les charges sociales des PME, mais elles renforcent également le pouvoir d’achat des ménages. Les employeurs doivent veiller à ce que leurs outils de paie reflètent correctement ces montants et à informer leurs collaborateurs des ajustements.
Pour éviter toute erreur administrative, il est conseillé de collaborer avec une fiduciaire spécialisée en gestion salariale. Les versements d’allocations doivent toujours être documentés, notamment pour les travailleurs frontaliers ou les situations de double emploi.
Cette adaptation s’inscrit dans une politique sociale plus large visant à améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, thème étroitement lié à la responsabilité sociale des PME en Suisse.
Télétravail, mobilité internationale et stagiaires
Le télétravail est désormais intégré à la réalité quotidienne de nombreuses entreprises suisses. En 2025, les contrats de travail devront préciser les conditions de travail à distance : lieu d’exécution, durée, participation aux frais, protection des données et responsabilité en cas d’incident.
Pour les PME, cette formalisation contractuelle limite les litiges et clarifie la répartition des obligations entre employeur et salarié. Il est recommandé d’ajouter une clause de confidentialité renforcée, en cohérence avec les exigences évoquées dans l’article sur le secret d’affaires en Suisse, afin de protéger les informations sensibles accessibles depuis un poste distant.
Sur le plan international, un accord bilatéral entre la Suisse et les États-Unis facilite la mobilité des stagiaires et des jeunes professionnels. Les entreprises peuvent désormais accueillir ou détacher plus facilement des talents internationaux, à condition d’adapter les contrats de stage et de respecter les obligations en matière de sécurité sociale et d’assurances.
Les PME actives à l’export doivent par ailleurs tenir compte des implications fiscales et administratives, notamment pour la TVA transfrontalière Suisse-UE, lorsque des employés travaillent depuis ou vers l’étranger. Une bonne coordination avec les partenaires financiers et les services de comptabilité s’avère indispensable pour éviter tout risque de non-conformité.
Congés, durée du travail et heures supplémentaires
La réglementation du temps de travail reste stable, mais les contrôles se renforcent. En 2025, les autorités rappellent que la distinction entre heures supplémentaires et heures excédentaires doit être clairement définie. Les PME doivent disposer d’un système fiable de suivi des horaires, afin d’éviter les litiges ou les réclamations salariales.
Les heures supplémentaires doivent être compensées par un repos équivalent ou une majoration de 25 %. Ces modalités doivent être inscrites dans le contrat ou le règlement interne. Une automatisation administrative du suivi du temps, intégrée à un ERP ou à un logiciel de gestion RH, réduit les risques d’erreur et permet de produire des rapports précis en cas de contrôle.
Les discussions autour d’un allongement du congé paternité à trois semaines se poursuivent. De nombreuses PME anticipent déjà cette évolution en adoptant des politiques internes plus favorables à la parentalité, ce qui renforce leur attractivité dans un marché du travail compétitif.
Ces mesures s’ajoutent à d’autres obligations sociales, comme l’assurance perte d’exploitation, qui peut couvrir les salaires en cas de fermeture temporaire de l’entreprise ou d’incapacité prolongée d’un dirigeant.
Exécution des créances publiques et gestion financière
Une réforme importante entre en vigueur en 2025 : les créances de droit public (impôts, cotisations sociales) deviennent prioritaires en cas de faillite. Cela signifie que les dettes fiscales et sociales seront recouvrées avant les créances commerciales ordinaires.
Cette mesure renforce la responsabilité des dirigeants, qui doivent assurer une gestion prudente des liquidités et anticiper les échéances fiscales. Les retards de paiement peuvent désormais conduire plus rapidement à des procédures de recouvrement.
Les PME doivent aussi prévoir des audits réguliers de leur trésorerie et de leurs dettes, en lien avec la gestion des risques. Une gouvernance financière solide, associée à un contrôle rigoureux des flux de trésorerie, devient un levier de sécurité et de confiance vis-à-vis des banques et des investisseurs.
Une collaboration étroite avec les partenaires financiers est essentielle : elle permet d’adapter les lignes de crédit ou de leasing en cas de tension budgétaire, évitant ainsi le recours à des procédures d’urgence.
Relèvement progressif de l’âge de la retraite des femmes
La réforme AVS 21 poursuit son application en 2025, avec le relèvement progressif de l’âge de référence pour les femmes, fixé à 64 ans et 3 mois cette année. L’objectif est d’unifier l’âge de la retraite à 65 ans pour tous d’ici 2028.
Les PME doivent adapter leurs plans RH et leurs calculs de prévoyance, notamment pour les collaboratrices proches de la retraite. Les plans internes de financement et les régimes LPP doivent être alignés sur ce nouveau calendrier.
Accompagner les employés concernés, par exemple via des programmes de transition vers la retraite ou des conseils de planification financière, favorise une meilleure gestion des ressources et réduit les départs imprévus.
Les entreprises peuvent également proposer des solutions de prévoyance complémentaire afin de compenser la baisse progressive des prestations liées à l’âge. Ces mesures s’intègrent dans une approche de gouvernance responsable et d’équilibre social.
Clauses contractuelles et protection des données
Les tribunaux suisses examinent de plus près les clauses de non-concurrence et de confidentialité. Ces dispositions ne sont valides que si elles sont justifiées par un intérêt commercial réel et proportionnées dans leur durée et leur champ géographique. Les PME doivent s’assurer que leurs modèles de contrat sont actualisés pour éviter toute contestation.
La protection des données personnelles des employés demeure une priorité depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la protection des données (LPD). En 2025, les contrôles s’intensifient, et les entreprises doivent prouver qu’elles stockent, utilisent et protègent correctement les informations sensibles.
L’intégration de ces exigences dans une politique interne claire, soutenue par un hébergement cloud suisse sécurisé, permet de réduire les risques de fuite d’information et de renforcer la confiance interne. Cette politique doit être communiquée à tous les collaborateurs et actualisée au moins une fois par an.
Bonnes pratiques pour rester conforme
Les PME suisses peuvent assurer leur conformité en adoptant une approche structurée et préventive :
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Réviser les contrats de travail pour y intégrer les clauses de télétravail, de confidentialité et de mobilité internationale. 
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Mettre à jour les logiciels de paie avec les nouveaux montants LPP et allocations familiales. 
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Renforcer la gouvernance d’entreprise et la transparence financière. 
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Former les responsables RH aux obligations légales et aux pratiques administratives actuelles. 
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Collaborer avec une fiduciaire ou un service juridique pour vérifier la conformité annuelle. 
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Anticiper les réformes à venir, notamment sur l’égalité salariale et la flexibilité du temps de travail. 
Les entreprises qui adoptent ces bonnes pratiques se distinguent par leur fiabilité et leur capacité à s’adapter. Dans un environnement où la conformité devient un critère de confiance, la rigueur administrative et la transparence constituent des avantages compétitifs durables.
Sources :
- 
ARK Fiduciaire, « LPP 2025 à Genève : nouveautés » 
- 
PwC Suisse, « Mise à jour RH : changements 2024–2025 » 
- 
Loyco, « Les changements pour l’employeur au 1er janvier 2025 » 
- 
Klara.ch, « Modifications légales 2025 : ce que les PME doivent savoir » 
- 
Swissmem, « Service juridique pour PME » 
- 
Global Legal Insights, « Employment & Labour Laws and Regulations 2025 – Switzerland » 
- 
Piguet Galland, « Évolution des chiffres de la prévoyance dès janvier 2025 » 
