Impôt sur le bénéfice et le capital des entreprises

Ecrit par Dominique Pariat 2 septembre 2025

La fiscalité des entreprises en Suisse repose sur deux impôts distincts mais complémentaires, l’impôt sur le bénéfice et l’impôt sur le capital. Ensemble, ils représentent une part importante des charges fiscales supportées par les sociétés et influencent directement leur rentabilité. Comprendre leur fonctionnement, leurs taux et leurs particularités est essentiel pour les PME qui souhaitent optimiser leur organisation et anticiper leurs obligations. Contrairement à certains pays où la fiscalité des entreprises est centralisée, le système suisse combine les niveaux fédéral, cantonal et communal, ce qui crée des différences sensibles entre les régions.

Pourquoi distinguer bénéfice et capital

L’impôt sur le bénéfice concerne les résultats générés par l’activité économique de l’entreprise, autrement dit les revenus après déduction des charges admises. L’impôt sur le capital, lui, repose sur les fonds propres détenus par la société, qu’il s’agisse du capital social, des réserves ou des bénéfices non distribués. Cette distinction traduit une approche particulière de la fiscalité helvétique, qui cherche à taxer non seulement la performance mais aussi la substance financière de l’entreprise.

Pour les PME, la double imposition implique une planification rigoureuse. Il ne s’agit pas seulement de déclarer correctement les revenus annuels, mais aussi de suivre l’évolution du capital propre pour éviter des écarts non anticipés. Une organisation comptable solide, appuyée sur la gestion de la trésorerie en PME et la révision des comptes, permet de fiabiliser les données et de limiter le risque de redressements.

L’impôt sur le bénéfice

L’impôt sur le bénéfice frappe les revenus nets de l’entreprise après déduction des charges justifiées par l’usage commercial. Ces charges incluent les frais d’exploitation, les amortissements, les provisions admises et les intérêts de dettes. Les pertes d’un exercice peuvent en général être reportées sur les années suivantes, ce qui atténue la charge fiscale en cas de fluctuation des résultats.

Au niveau fédéral, le taux effectif de l’impôt sur le bénéfice est fixé à 8,5 % du revenu net. Toutefois, l’essentiel de la charge fiscale provient des impôts cantonaux et communaux, dont les taux varient fortement selon la localisation. Dans certains cantons, le taux combiné peut avoisiner 12 %, tandis que dans d’autres il dépasse 20 %. Cette diversité explique pourquoi certaines entreprises choisissent leur siège social en fonction de la fiscalité, pratique connue sous le nom de concurrence intercantonale.

À ce propos, consultez notre Classement 2025 : Les cantons suisses où les entreprises paient le moins d’impôts

L’impôt sur le capital

L’impôt sur le capital repose sur les fonds propres de l’entreprise, à savoir le capital social, les réserves et les bénéfices reportés. Contrairement à l’impôt sur le bénéfice, il ne dépend pas du résultat annuel mais de la structure financière de la société. Cet impôt est perçu uniquement au niveau cantonal et communal, il n’existe pas d’impôt fédéral sur le capital.

Les taux varient selon les cantons mais se situent en général entre 0,001 % et 0,5 %. L’assiette fiscale est calculée à partir du bilan établi à la fin de l’exercice, ce qui souligne l’importance d’une comptabilité claire et conforme. Pour les PME, le poids de l’impôt sur le capital reste modeste par rapport à celui sur le bénéfice, mais il constitue un élément à intégrer dans la planification, notamment lors des augmentations de capital ou de la constitution de réserves.

Les obligations déclaratives des entreprises

La déclaration fiscale des entreprises exige une transparence complète sur les résultats et la structure financière. Les comptes annuels doivent refléter fidèlement la situation de l’entreprise, comme prévu par le Code des obligations et contrôlé lors de la révision restreinte ou ordinaire. Les documents remis aux autorités fiscales incluent le bilan, le compte de résultat et l’annexe, qui permettent de calculer le bénéfice imposable et le capital imposable.

Pour simplifier la procédure, de nombreux cantons ont introduit des plateformes numériques qui facilitent la transmission des déclarations et la communication avec l’administration. L’appui d’une fiduciaire à Genève ou d’un expert-comptable spécialisé permet d’éviter des erreurs coûteuses et d’optimiser la charge fiscale dans le respect de la législation.

Les stratégies d’optimisation fiscale

Les entreprises disposent de plusieurs leviers légaux pour alléger leur charge fiscale. La déduction des amortissements et provisions constitue un premier outil, car elle permet de lisser les résultats et de réduire temporairement l’assiette imposable. La planification des investissements joue également un rôle clé, puisqu’elle peut générer des charges supplémentaires déductibles. Enfin, le choix de la localisation reste un paramètre important, car les écarts de taux entre cantons influencent directement le poids global de l’imposition.

Ces stratégies doivent toutefois être appliquées avec prudence. Les autorités fiscales suisses examinent attentivement la cohérence des déductions et peuvent sanctionner les abus. Une approche équilibrée, centrée sur la transparence et l’anticipation, offre la meilleure protection aux PME. Elle permet aussi de rassurer les partenaires financiers en démontrant une gestion fiscale rigoureuse et conforme aux règles.

Pour aller plus loin : Créer une entreprise en Suisse en tant qu’étranger : étapes, conditions et conseils pour réussir

FAQ sur l’impôt sur le bénéfice et le capital

Quelle est la différence entre impôt sur le bénéfice et impôt sur le capital ?
L’impôt sur le bénéfice taxe le résultat net de l’entreprise, tandis que l’impôt sur le capital repose sur les fonds propres. Le premier varie selon la performance annuelle, le second dépend de la structure financière de la société.

Les pertes peuvent-elles réduire l’impôt sur le bénéfice ?
Oui, les pertes d’un exercice peuvent être reportées sur une période de sept ans, ce qui permet de compenser des résultats positifs ultérieurs et de réduire l’impôt à payer.

Existe-t-il un impôt fédéral sur le capital ?
Non, l’impôt sur le capital est uniquement cantonal et communal. La Confédération ne perçoit que l’impôt sur le bénéfice.

Quels sont les taux moyens appliqués en Suisse ?
Au niveau fédéral, le taux de l’impôt sur le bénéfice est de 8,5 %. Selon les cantons, le taux combiné (fédéral, cantonal et communal) varie en général entre 12 % et 21 %. Pour l’impôt sur le capital, les taux cantonaux s’échelonnent entre 0,001 % et 0,5 %.

Pourquoi la localisation de l’entreprise influence-t-elle la fiscalité ?
Chaque canton fixe ses propres taux. Ainsi, deux entreprises ayant des résultats similaires peuvent supporter des charges fiscales différentes selon leur siège social. Cette concurrence intercantonale incite certaines sociétés à privilégier des cantons où la fiscalité est plus avantageuse.

Sources officielles et références

Les règles fiscales suisses relatives aux entreprises sont définies dans la Loi fédérale sur l’impôt fédéral direct (LIFD) et le Code des obligations. Des informations pratiques sont disponibles sur le Portail PME de la Confédération. Les taux cantonaux et communaux peuvent être consultés directement auprès des administrations fiscales cantonales. Des données statistiques générales sont publiées par l’Office fédéral de la statistique (OFS).