Choc économique : Trump frappe la Suisse avec 39% de droits de douane !
Depuis le 7 août 2025, les États-Unis appliquent un taux de 39 % sur la plupart des produits suisses exportés, contre 10 % auparavant. Cette mesure, annoncée par la Maison Blanche en juillet, modifie substantiellement les conditions d’accès au marché américain pour la Suisse. D’après les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les exportations suisses vers les États-Unis représentaient en 2024 près de 53 milliards CHF, soit environ 18,7 % du total des exportations du pays.
Selon l’Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDF), ce relèvement place la Suisse au quatrième rang des pays les plus taxés par les États-Unis, derrière la Syrie, la Birmanie et le Laos. Le représentant américain au commerce (USTR) justifie cette décision par la volonté de « protéger les industries stratégiques américaines ».
Des droits de douane records pour la Suisse : des chiffres qui font mal
Le matin du 7 août, l’économie suisse subit un choc majeur : la Suisse grimpe à la quatrième place mondiale des pays les plus lourdement taxés par les États-Unis. Ce n’est pas seulement une question de pourcentages : le passage soudain de 10 % à 39 % de droits de douane rompt avec des décennies de partenariat commercial privilégié. Pour mieux comprendre le contexte économique, découvrez Comment créer une Société Anonyme (SA) en Suisse.
Le tableau ci-dessous met en perspective la nouvelle “géographie” des droits de douane américains – une radiographie du choc douanier :
Pays/zone | Taux de droits de douane US | Commentaire |
---|---|---|
Syrie | 41 % | Taxation maximale |
Birmanie | 40 % | Taxation maximale |
Laos | 40 % | Taxation maximale |
Suisse | 39 % | Plus haut taux pour un pays développé |
Canada | 35 % | Hors cadre ACEUM |
Union européenne, Japon, Corée du Sud | 15 % | Accords spécifiques conclus |
Taïwan | 20 % | Investissements massifs demandés |
Brésil, Inde | Jusqu’à 50 % | Surtaxes punitives sur certains produits |
Source : U.S. International Trade Commission, août 2025
Ces mesures touchent plus de soixante nations : la Suisse, longtemps considérée comme un “partenaire fiable”, découvre une nouvelle réalité où la protection du marché américain passe avant tout. Les exportations, évaluées à plus de 53 milliards CHF vers les États-Unis en 2024 (soit 18,7 % du total des exportations suisses), voient leur compétitivité remise en cause quasi du jour au lendemain.
Pour mieux appréhender ce contexte, le classement 2025 des cantons suisses où les entreprises paient le moins d’impôts permet de situer les marges d’optimisation fiscale encore disponibles pour les acteurs économiques
Négociations : autopsie d’un échec diplomatique
Le Conseil fédéral indique avoir mené plusieurs cycles de discussions avec Washington, notamment via les départements fédéraux de l’économie et des finances, mais sans parvenir à un accord similaire à celui obtenu par l’Union européenne ou le Japon.
Les comptes rendus officiels du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) précisent que la Suisse a proposé des concessions en matière d’investissements, sans succès.
Historique :
- La délégation suisse rencontre les représentants du Département d’État, du Trésor américain, et échange avec l’industrie pharmaceutique, mais pas directement Donald Trump.
- Aucun indice d’un retournement de situation n’apparaît dans les discussions : les signaux sont positifs, la Suisse pense que le consensus est trouvé.
- L’argument principal de la Maison Blanche : la Suisse “coûterait” 40 milliards USD au commerce américain chaque année, selon les analyses US. Les responsables suisses répliquent que la balance commerciale des biens ne tient pas compte du déficit existant dans les services.
- A l’approche du 1er août, la tonalité change, mais trop tard pour dévier la trajectoire : les 39 % entrent en vigueur à la date annoncée, malgré une dernière conversation téléphonique entre la présidence suisse et Donald Trump.
- Après coup, le Conseil fédéral autocritique sa démarche et relève avoir sans doute sous-estimé la capacité du président américain à changer unilatéralement d’avis, en dépit des négociations techniques abouties.
L’État-major fédéral décide malgré tout de poursuivre les discussions pour obtenir une réduction des droits – mais exclut toute mesure de rétorsion à chaud (notamment sur l’achat des F-35 ou l’imposition de produits américains).
Les autorités helvétiques ont confirmé qu’aucune mesure de rétorsion immédiate ne serait appliquée, préférant poursuivre les discussions bilatérales et explorer des voies de diversification des débouchés commerciaux.
Pour les entreprises qui envisagent de se restructurer ou de s’implanter ailleurs, il peut être pertinent de consulter un guide pour créer son entreprise en Suisse pour les Français afin de mieux comprendre le cadre local.
Impact sectoriel : quelles branches trinquent le plus ?
La structure des exportations suisses fait que tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Les droits de 39 % frappent de plein fouet plusieurs industries phares, tandis que l’une d’entre elles bénéficie, temporairement, d’une étrange clémence : la pharma.
Certaines entreprises envisagent une relocalisation partielle vers des zones non taxées. Dans un tel contexte, bien maîtriser la gestion des salaires en Suisse et l’optimisation des coûts peut contribuer à maintenir la compétitivité.
Selon Swissmem et la Fédération de l’industrie horlogère suisse, les branches les plus affectées par cette hausse tarifaire sont :
Secteur | Exposition aux droits de douane | Chiffres-clés/Commentaires |
---|---|---|
Horlogerie | Très forte | Risque immédiat de baisse d’exportations et hausses des prix aux USA |
Machines, équipements industriels | Forte | Enjeux majeurs pour l’emploi et la compétitivité, second marché après l’Allemagne |
Alimentaire, chocolat, fromage | Forte | Pertes de parts de marché attendues, marchés alternatifs rarissimes |
Pharma (biotech, médicaments) | Faible à court terme | Exemptée “provisoirement” ; menacée à terme par des droits jusqu’à 250 % si les prix ne baissent pas |
- Certains groupes étudient déjà la délocalisation partielle de leur production vers des pays non ou moins taxés.
- L’industrie horlogère, fleuron suisse, redoute la « hausse inexorable » du prix de la montre suisse sur le marché américain.
- Les industriels avertissent d’un « choc douanier », mettant en péril plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects, surtout en Suisse occidentale.
- La pharma, si elle est finalement touchée par des surtaxes à trois chiffres, exposerait la Suisse à une perte de près de 0,7 % de PIB supplémentaire selon les économistes du KOF.
En parallèle, la bourse suisse réagit : le SMI (Swiss Market Index) demeure solide à l’ouverture, mais les valeurs pharma et tech reculent nettement sous la menace de droits américains sur leurs produits et composants (puces, semi-conducteurs, médicaments).
Dans ce contexte, certains dirigeants d’entreprise se tournent vers une fiduciaire spécialisée en comptabilité, fiscalité, création d’entreprise et gestion RH pour évaluer leurs options.
Réponses politiques et économiques suisses : unité et adaptation imposées
Face à ce choc, les autorités et les milieux économiques s’organisent rapidement afin de soutenir le tissu productif. La complexité politique suisse ressort vite : les formations de droite et de gauche, ainsi que les syndicats et faîtières patronales, partagent tous l’inquiétude sur l’avenir… mais diffèrent sur la marche à suivre.
Les mesures annoncées par le Conseil fédéral en août 2025 incluent :
-
prolongation temporaire de l’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail (RHT) jusqu’à 24 mois,
-
simplification de certaines formalités douanières pour accélérer les exportations,
-
mise en place d’un plan de soutien à l’innovation et à la compétitivité des entreprises exportatrices.
Des organisations économiques comme Économiesuisse recommandent également d’intensifier les négociations d’accords de libre-échange avec d’autres marchés, notamment en Asie et en Amérique latine, afin de réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis.
Des experts conseillent également de surveiller la conformité avec les normes de protection des données en Suisse afin d’éviter toute difficulté supplémentaire sur les marchés étrangers.
Décisions et débats au sommet
- Conseil fédéral : refuse l’escalade, privilégie le pragmatisme. Pas de contre-mesures ni d’annulation de la commande de F-35. Engagement à négocier sans relâche et à éviter la panique, insistant sur la solidarité fédérale.
- Prolongation de l’indemnisation chômage partiel (RHT) : durée maximale portée à 24 mois (au lieu de 18), mobilisation de soutiens financiers pour amortir le choc conjoncturel.
- Plan d’action pour la débureaucratisation, la réduction des coûts administratifs et la facilitation des démarches pour les entreprises exportatrices.
- Appels à renforcer la compétitivité suisse à travers l’innovation, des incitations fiscales et la négociation de nouveaux accords de libre-échange.
Éléments du débat public : fossé politique et consensus d’urgence
- PLR : met en avant l’urgence de “protéger la prospérité”, demande un plan d’action clair pour les PME et grandes entreprises. Voit dans l’unité suisse la meilleure défense.
- UDC : fustige la stratégie du Conseil fédéral et rejette tout alignement sur l’Union européenne. Prône la chasse aux “règlementations inutiles” et exige la conclusion rapide de nouveaux traités.
- PS et Vert-e-s : estiment qu’il faut d’abord rapprocher la Suisse de Bruxelles, réclament des mesures énergiques comme la taxe numérique sur les multinationales américaines et le retrait du contrat F-35.
- Centre : ouvert à la discussion sur des mesures de rétorsion, demande que la suspension de l’impôt minimum OCDE soit évaluée.
- Économiesuisse, Swissmem, Swissmechanic : insistent sur l’urgence d’un “train de mesures” pour sauver la place industrielle, sur l’union des forces, et sur la nécessité d’accords rapides à l’international.
- Syndicats : plaident pour la protection des travailleurs, l’implication des représentants dans la démarche, et une prolongation durable du chômage partiel.
Sur le plan social, le gouvernement veut “mettre à jour le logiciel suisse”, en modernisant l’État, en diversifiant les débouchés des exportateurs et en intensifiant la recherche de nouveaux partenaires commerciaux.
Le hors-frontières : États-Unis, géant imprévisible et monde en recomposition
La Suisse n’est pas seule : la vague protectionniste américaine touche, de près ou de loin, tout le commerce mondial. Les réactions et stratégies à travers le globe dessinent une nouvelle carte du pouvoir économique.
Pays/Zone | Réaction ou stratégie | Taux obtenu ou contesté |
---|---|---|
Union européenne | Accord négocié : investissements massifs promis, plafonnement douanier pour l’instant | 15 % |
Japon & Corée du Sud | Signature d’accords spécifiques, promesses d’achats américains et investissement | 15 % |
Canada | Accepte 35 %, poursuit la négociation | 35 % |
Brésil, Inde | Saisine de l’OMC, défense du multilatéralisme, boycott du marché agricole US | Jusqu’à 50 % |
Taïwan et TSMC | Obtention d’exemptions pour le géant des semi-conducteurs, grâce à l’implantation d’usines sur sol américain | TSMC exempté |
Apple | Investissement supplémentaire de 100 milliards USD sur sol US pour éviter la surtaxe | Exemptions obtenues sur composants stratégiques |
- Les partenaires privilégient qui la négociation bilatérale, qui la contestation juridique – rarement l’escalade frontale.
- Les États-Unis mettent une pression colossale sur chaque secteur stratégique : pharma, puces électroniques, produits agricoles, etc.
- Donald Trump poursuit sa politique du “America First” : toute exemption est conditionnée à la création d’emplois et à des investissements massifs sur le territoire américain.
- Les Alliés “historiques” comme le Canada ou Taïwan consentent à des adaptations industrielles majeures pour rester présents sur le marché US, voire à des relocalisations partielles (comme TSMC, constructeur de puces).
- Les grands groupes mondiaux (Apple, entre autres) multiplient les annonces de production “Made in USA” pour rassurer la Maison Blanche et éviter la punition douanière.
Dans ce cadre, comprendre la fiscalité, la douane et la détaxe en voyage peut aussi aider certains secteurs à optimiser leurs marges à l’international.
La pharma suisse : joker ou prochaine cible ?
Une exception de taille subsiste pour l’industrie suisse : la pharma est épargnée “pour le moment” des 39 %, mais subit un chantage direct : baissez les prix des médicaments d’ici fin septembre, ou préparez-vous à encaisser des droits jusqu’à 250 % !
- Le secteur reste le numéro 1 de l’export suisse vers les États-Unis : près de la moitié du chiffre d’affaires du secteur dépend du marché transatlantique.
- Donald Trump réclame que les prix américains des médicaments s’alignent sur ceux de l’UE et menace : “150 % ou 250 %” de droits si aucune concession.
- Les pharmas suisses hésitent entre cessions sur les prix ou relocalisation d’usines, mais rappellent que la création de nouvelles chaînes de production industrielle prend des années.
En résumé, aucune branche n’est totalement à l’abri et la politique américaine semble privilégier le coup de pression, quitte à générer une instabilité permanente sur les marchés.
Scénarios pour la suite : incertitudes et stratégies d’adaptation
Plusieurs économistes interrogés par le KOF (Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ) estiment que le taux pourrait être réduit si la Suisse consent à des engagements industriels sur le territoire américain. Toutefois, la volatilité de la politique commerciale américaine rend incertain tout retour rapide aux niveaux tarifaires précédents.
- Les économistes et analystes jugent probable une réduction “conditionnelle” des droits à 15 % pour la Suisse à condition de concessions stratégiques (investissements, achats, etc.).
- D’autres anticipent une crise prolongée : la volatilité de la politique américaine ne laisse présager ni de date de retour à la normale, ni de stabilité durable.
- L’unanimité se fait sur un point : la Suisse doit puiser dans sa résilience et prioriser la diversification de ses partenariats commerciaux, sans perdre son ADN de stabilité et d’anticipation.
Plus qu’une épreuve conjoncturelle, le choc douanier de 2025 est peut-être l’annonce d’une ère où chaque avantage commercial se reconquiert mois après mois, dans un écosystème international où plus rien n’est acquis. L’introspection collective en Suisse sur ses atouts, ses faiblesses et ses marges de manœuvre n’a jamais été aussi d’actualité : “aucune relation spéciale n’existe plus. Seule la capacité d’adaptation compte”.
Sources principales :
-
Office fédéral de la statistique (OFS) – Statistiques du commerce extérieur 2024
-
Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDF) – Communiqués août 2025
-
U.S. International Trade Commission – Harmonized Tariff Schedule 2025
-
Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) – Communiqué 07.08.2025
-
Swissmem – Analyse sectorielle, août 2025
-
KOF, ETH Zurich – Note de conjoncture, août 2025